Témoignage pré-éclampsie et grossesse d’après sans récidive (Olinka)

Nous partageons aujourd’hui le témoignage d’Olinka sur sa pré-éclampsie à 20 ans à 30SA mais qui était heureusement bien suivie du fait de son diabète de type 1 et a pu être prise en charge rapidement. Elle partage également son message d’espoir avec sa 2ème grossesse sans récidive suivie en maternité de type 1 mais avec une équipe en qui elle avait totalement confiance. Elle mentionne l’importance de parler de cette pathologie à nos proches, amies, futures mamans simplement par prévention, comme tous les professionnels de santé rencontrés en cours de grossesse ne le font pas forcément malheureusement surtout en maternité de type 1 qui suivent rarement les grossesses à risques. En dehors du fait d’être suivie en maternité de type 3 en cas d’antécédents de pré-éclampsie, il est primordial que vous soyez en totale confiance avec les professionnels qui vous suivent et écoutée ! Belle vie à cette jolie famille !

« Au bout de presque trois ans, j’ai enfin la force de témoigner de notre parcours. Fin mai 2017, j’ai 19 ans et demi, j’apprends que je suis enceinte. Je suis diabétique de type 1, je sais que cette grossesse sera sous surveillance. Les rdv s’enchaînent, tout va bien. J’ai le feu vert pour partir en vacances en voiture à 2000km, l’été, et je l’aurai encore pour partir en Allemagne fin octobre. Je suis un peu gonflée aux chevilles, mais ça va, rien d’autre … Tout se passe bien à part ces gonflements. Je ne me pose pas de questions, les derniers contrôles sont pourtant bons et datent d’une semaine et demi.

Mi-novembre, situation identique : j’ai des moments où je suis très gonflée, d’autres non… mais pas d’autres symptômes. Nous sommes le 20 novembre, je vais avoir 20 ans le lendemain. Je file faire mes analyses car je dois voir mon diabétologue dans trois jours et mon gynécologue la semaine d’après.

Jeudi 23 novembre, le matin, je vais donc voir mon diabétologue, situé dans le même hôpital que le centre de périnatalité où je suis suivie. La sage-femme m’appelle en me demandant de passer rapidement car mes analyses ne sont pas « top ». Ils me disent de ne pas m’inquiéter, mais qu’il faut vérifier. Je suis à 30 SA+1. Je rentre en consultation pour mon diabète. Il me prend la tension…14…il me demande si cela m’est déjà arrivé. Jusqu’à maintenant non, pas si haut. Je lui dit que de toutes façons je vais voir les sages-femmes juste après.

11h30, je fais une nouvelle analyse d’urine auprès des sages-femmes. Toujours des protéines. Sans m’expliquer dans les détails, l’une d’elles me demande si je suis accompagnée, et qu’il faut doucement que je file à la maternité à 25km. Alors j’y vais, seule, me posant des milliers de questions.

Là-bas, on me refait une analyse d’urines, une prise de sang et un monitoring. Il n’est pas bon – bien entendu – mais moi je me sens de plus en plus fatiguée. Je me demande ce qu’il nous arrive et je m’inquiète. Les sages-femmes m’apportent un plateau pour que je déjeune car il est 15h30 et je n’ai encore rien avalé… 17h30, le gynécologue de garde me prend en consultation – et me traumatise un peu par son comportement trop silencieux mais aujourd’hui j’en rigole… Il me fait une échographie et ne dit rien. On retourne à son bureau. Il me regarde et me dit « simplement » qu’il faut que l’on me transfère pour accueillir le bébé ! Quoi ? Maintenant ? Mais il me reste encore 2 mois et demi avant mon terme.

Je remonte en chambre, dans cette maternité de type 1. Ils me font une piqûre de corticoïdes pour mon bébé. C’est la plus douloureuse des piqûres que j’ai eues. On me parle d’essayer de gagner quelques semaines. On me trouve une place sur Lyon Croix Rousse (car l’hôpital le plus proche n’a plus de places), ce qui me facilitera grandement la tâche pour la suite.

Mon conjoint me rejoint. Les ambulanciers arrivent et m’emmènent. Je dis « bonne nuit » au papa, qu’il rentre tranquillement, il pourra venir me voir le lendemain, après le travail, de toutes façons je ne vais pas accoucher dans la soirée…

Arrivée à Lyon, j’ai de gros maux de têtes. J’enchaîne les monitoring, échographies… L’équipe de garde est extraordinaire et super gentille avec moi. Ils me rassurent. À 23h00, je suis transférée dans une chambre. Là, on me parle qu’on essaie de gagner « quelques jours ». Puis au deuxième monitoring, je commence à vomir. Je vomis toutes les 3 minutes et dès que j’ouvre la bouche. À partir de ce moment, la sage-femme appelle le médecin de garde. Ça y est, ils me feront une césarienne à 9h00 du matin.

Il est 2h00, j’ai mal à la tête, je ne dors pas, je vomis. Ma collègue insomniaque et ma maman me tiennent compagnie par messages. Je ne veux pas réveiller mon conjoint, je préfère qu’il dorme car je sais qu’une épreuve fatigante nous attend.

À 5h00, je lui dis de me rejoindre. Je lui explique comme je peux par où il doit passer – entre deux vomissements. Je pleure et je pleure encore. Je vais vomir jusqu’à l’anesthésie et même encore pendant la césarienne, sous rachianesthésie. Mon bébé est estimé à 1kg. Le pédiatre vient nous voir un peu avant l’opération pour nous expliquer en gros comment va se passer la suite. Il nous prévient, il y aura des hauts et des bas et nous dit aussi qu’à ce terme, 85% des bébés restent sans aucune séquelle, 10% ont des séquelles plus ou moins lourdes et 5% seront trop fragiles pour survivre. Au fond de moi, j’ai oublié ces 5%, je savais que mon bébé allait vivre.

Je n’ai plus de force lorsqu’il faut faire le dos rond pour l’anesthésie. C’est l’infirmier qui me courbera comme il pourra. Mon conjoint attend dehors. Bébé sort, j’entends sont petit cri si fragile. Il fait 1kg290. J’ai le temps de lui caresser la main et lui dire que je l’aime à travers la couveuse quand je sors de l’opération. Tout de suite pratiquement, mes œdèmes disparaissent ainsi que mes envies de vomir. Je suis épuisée. Je pourrais voir mon fils 14 heures plus tard, à 1h00 du matin grâce à une superbe sage-femme. Je le vois si fragile et je sais qu’un long combat nous attend.

Noham restera hospitalisé 7 semaines et 4 jours. Avec des hauts et des bas, une opération à 37SA, soit sept semaines après sa naissance pour une hernie inguinale. C’est un battant. Aujourd’hui il va 3 ans et a une petite sœur de 9 mois qui est née à 38SA, toujours par césarienne, mais sans récidive de pré-éclampsie. Mon petit garçon est en pleine forme et n’a pas gardé de grosses séquelles (il a juste quelques contrôles annuels), et tout est redevenu normal pour moi.

C’était une dure épreuve, mais après la naissance de sa sœur, je sais que ce n’est pas une fatalité. Cela nous a rendus plus forts.

Forcément pour ma deuxième, j’avais très peur (je connaissais mon terme par cœur et me suis rendue à la maternité plusieurs fois « pour rien »). Heureusement, cette fois-ci j’avais un autre gynécologue, qui est vraiment génial, et son équipe aussi. Je savais que c’était une maternité de type 1, mais j’avais entièrement confiance en eux, et j’ai bien fait. Je pense avec le recul que le premier gynécologue que j’ai eu, étant parti à la retraite quand j’ai accouché, n’était plus vraiment « à l’écoute » (c’est moi qui ai dû demander l’arrêt de travail alors que je travaillais à 50km de chez moi avec des horaires décalés et debout toute la journée…).

Et encore une fois, comme beaucoup d’autres mamans, je n’avais jamais entendu parler de cette pathologie… J’en parle donc beaucoup à mes amies/cousines/…enceintes, sans leur faire peur bien entendu car là n’est pas le but, mais plutôt dans le sens qu’elles s’écoutent et que certains symptômes valent le coup d’être contrôlés. »

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