Témoignage sur la pré-éclampsie : manque de soutien psychologique (Julie D.)

Nous partageons le témoignage de Julie D., auxiliaire de puériculture qui a vécu une pré-éclampsie à un mois et demi de son terme mais heureusement diagnostiquée à temps avec un bon suivi mis en place par sa sage-femme. Elle insiste cependant sur le manque de soutien psychologique à la maternité pour elle et son mari pendant cette épreuve difficile. Sachez qu’en général dans les maternités qui ont un service de réanimation néonatale, l’accompagnement par un/e psychologue est proposé mais cela n’est pas forcément le cas partout malheureusement… Nous envoyons à Julie et son mari tout notre soutien.

« Je m’appelle Julie, j’ai 28 ans et je suis auxiliaire de puériculture et maman de Louna, 1mois et demi.

Depuis le mois de juillet 2020, je me trouvais très gonflée de la tête aux pieds. Cela s’est empiré à la fin de l’été, j’étais très essoufflée, ne supportais pas la chaleur, j’avais des maux de tête violents…

Le 24 août 2020, je me rends à mon rdv mensuel chez la sage-femme. Elle trouve la tension un peu élevée, elle me prescrit un suivi à la maison par un infirmier deux fois par semaine pour la tension.

L’infirmier vient le lendemain. Cela allait sauf que les protéines dans les urines avaient déjà augmenté à 0,18g.

Le jeudi 27 août 2020, il revient et la tension commençait à monter : 14/7 le matin et l’après-midi, 13/7. Il me dit quand même d’appeler ma sage-femme. Elle me dit de prendre rdv ou d’aller consulter à la maternité. Je lui explique que ce jour-là, j’ai la 3ème séance de préparation à l’accouchement justement. On s’y rend avec mon conjoint. Je parle de ma tension à la sage-femme – il était 18h00 – elle me dit : « On fait la préparation et ensuite tu restes là pour consulter ». Elle avait prévu une séance d’hypnose et au moment de couper les téléphones, je regarde le mien et vois les résultats d’analyses d’urines. Je vois que les protéines ont augmenté à 0,23g…je stresse, je ne dis rien, j’attends la fin de la séance et en reparle à la sage-femme à 20h00.

Nous restons en consultation à la maternité. Prise de sang, prise de tension qui monte à 15/8…protéines à 0,43g et là on me dit qu’on va essayer de me maintenir jusqu’au 15 septembre à 37SA – le terme était prévu le 15 octobre…

Quelques minutes plus tard, le gynécologue et l’anesthésiste viennent me voir et me donnent le verdict : pré-éclampsie. Gros stress pour tous les deux…

Et quelques minutes après, l’anesthésiste me fait la consultation « au cas où », me dit-il. Je commençais à sentir la chose arriver, je craignais une pré-éclampsie durant ma grossesse. J’avais déjà expliqué à mon conjoint ce que c’était au cas où… Heureusement j’avais travaillé à la maternité où j’ai accouché et c’est là que j’ai connu la pré-éclampsie…

Deux heures plus tard, ma tension était montée à 19/8. Le gynécologue et l’anesthésiste m’annoncent que je vais accoucher le lendemain matin dans les meilleurs délais. Tout à coup, ils sont revenus et m’ont dit : « On vous accouche dans deux heures par césarienne ». J’ai demandé à ce qu’ils me déclenchent mais ils n’ont pas voulu à cause de mes violents maux de tête, qui sont passés à force, mais c’était trop tard, la césarienne est passée en code orange. Je me suis mise à trembler de l’annonce à la fin de l’opération, pendant trois heures. La séparation avec mon conjoint a été horrible. Jusqu’aux portes du bloc, tout est allé très vite…le choc. Je n’ai eu aucun soutien psychologique… J’ai dû demander à l’anesthésiste de me tenir la main… La sage-femme de nuit avait dit à mon conjoint d’attendre en salle d’attente que je remonte dans deux heures… Mon conjoint est resté sans nouvelles de moi pendant plus de quatre heures. Il est resté seul, triste, en pleurs. C’est lui qui a dû sonner pour demander de mes nouvelles… Malheureusement cette nuit-là, il n’y avait que de nouvelles sages-femmes qui, pour moi, manquaient d’expérience. Le soutien psychologique aurait été primordial.

L’opération prend fin, j’entends ma fille crier. La sage-femme l’amène vers mon visage. Je lui fais trois bisous et elle est vite emmenée.

Mon opération se termine à 4h30. Je vais en salle de réveil… Je demande à voir mon conjoint. Impossible – pourtant j’étais seule en salle de réveil – on me dit que je remonte d’ici deux heures. Mais au bout de deux heures, rien. On m’amène au bout de cinq heures en salle d’accouchement pour surveiller ma tension car il n’y a plus de place en réanimation. Seulement, les sages-femmes ne peuvent pas me surveiller et je suis donc ramenée en salle de réveil… On nous a dit que notre fille allait bien mais mon conjoint ne pouvait pas la voir… Étrange… Mon conjoint a pu venir me voir un peu, peu de temps après avoir vu notre fille, trois heures après sa naissance… On a pleuré tous les deux sachant qu’il ne savait pas s’il allait nous revoir toutes les deux…

À 14h00, on m’annonce que notre fille a fait une détresse respiratoire, que ses poumons ne sont pas assez développés et qu’elle est transférée à Purpan à Toulouse en réanimation. Sachant qu’il pleuvait, elle aurait dû partir en hélicoptère mais elle est partie en SMUR…

À ce moment-là, c’était la chose de trop. J’ai craqué, je n’arrivais plus à réfléchir sous l’effet de la morphine… Elle a dû être intubée pour le transport et ce, durant 24h… Mon chéri n’était même pas avec moi lors de l’annonce, et moi je ne pouvais même pas la suivre… Je devais rester en réanimation 24h (mais ils m’ont emmenée dans le couloir pour lui dire au revoir)…

Le lendemain, j’ai été transférée à la maternité de Toulouse et nous avons pu aller voir notre fille en réanimation. C’était très difficile de croire que j’avais accouché, j’ai mis beaucoup de temps à réaliser tout cela. Ce fut un gros choc émotionnel et sans soutien… Très difficile sans avoir droit aux visites…

Nous sommes restés six jours sans notre fille en chambre. Elle n’est montée en chambre en néonatalogie que six jours et nous avons été retransférées au CHIVA (09), là où tout a commencé…mais nous étions en chambre en néonatalogie. Je me suis dit qu’heureusement j’étais du métier car pour ma fille je me suis sentie complètement délaissée sans soutien, rien… Leur objectif était de nous sauver toutes les deux mais la base c’est quand même le soutien psychologique. Je ne comprends pas pourquoi on a été « lâchées dans la nature » comme cela, sans suivi, rien… Pour un premier accouchement, c’est très éprouvant moralement et physiquement. On ne nous a pas dit qu’un congé pathologique était possible mais mon mari a pu en bénéficier. C’est moi qui ait découvert cela sur internet heureusement, car quand mon conjoint devait faire des aller-retours, je pleurais dès que j’étais seule en chambre…»

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