Pré-éclampsie et HELLP syndrome

Un réveil violent, je n’ai plus mon bébé dans mon ventre mais surtout, que s’est-il passé ?

Solenne a vécu une pré-éclampsie compliquée d’un HELLP syndrome à 33SA+6. Elle n’avait aucun symptôme et avait été renvoyée une première fois chez elle avec des antispasmodiques… Son intuition et sa petite Alba qui bougeait plus lui ont donné raison de retourner aux urgences maternité.

« J’ai longtemps hésité à écrire ce témoignage mais aujourd’hui je ressens le besoin de m’exprimer sur ce que j’ai vécu et j’espère que cela pourra servir à d’autres personnes. 

La sage-femme qui m’a suivie au cours de ma grossesse m’a toujours dit : « Écoutez-vous. Au moindre doute, n’hésitez pas à aller aux urgences et s’il faut y retourner le lendemain pour vous rassurer, retournez-y. » Je vivais une grossesse parfaite. Je n’avais aucun symptôme alarmant, je n’étais pas malade, aucune douleur particulière. J’étais très peu suivie car tout allait pour le mieux. 

Une intuition ?

Le 9 octobre 2021, je me sens très fatiguée mais surtout je ne sens pas mon bébé bouger. Je suis positive au Covid à ce moment-là alors je me dis que la fatigue est due à cela. Sauf qu’il reste le point principal, je ne sens pas bébé bouger. Je décide d’aller aux urgences en soirée. On me fait alors deux monitorings n’affichant rien d’anormal. Je ressors donc au bout de cinq heures avec du Spasfon™ et on me dit de revenir dans 48h afin de recontrôler.

Le lendemain, la fatigue est toujours très présente. Je passe la journée au lit mais surtout je ne sens de nouveau plus du tout bébé bouger. Ce n’était pas du tout dans ses habitudes. Je sentais que quelque chose n’allait pas. J’ai longtemps hésité à retourner aux urgences suite à la longue attente de la veille. 

Une pré-éclampsie bien présente avec complication…

Le 10 octobre 2021, vers 17h30, je décide d’y retourner et de ne pas attendre les 48h comme conseillé par le médecin. Mon conjoint m’y dépose et repart car il ne peut pas rentrer à cause de ce Covid et avait déjà attendu cinq heures la nuit précédente dans sa voiture. Ma mère travaillant à l’hôpital en tant qu’auxiliaire puéricultrice a réussi à rester auprès de moi le temps d’un énième monitoring. On me fait également une prise de sang. La sage-femme du jour a senti tout de suite que quelque chose n’allait pas au monitoring. Bébé ne bouge pas et son petit cœur se fatigue. On commence à me parler de césarienne, je suis à 33SA+6. Impossible. Je ne comprends pas. Mais pour le moment personne ne comprend. L’anesthésiste arrive afin de regarder si la péridurale est possible, il me pose tout un tas de questions mais je suis terrorisée. 

À ce moment-là, les résultats de prise de sang arrive. C’est la panique. La sage-femme annonce le résultat de mes plaquettes sanguines. L’anesthésiste a été très maladroit en parlant à la sage-femme en oubliant que j’étais encore là… Ma mère qui est à côté semble avoir compris. J’ai juste eu le temps de lui poser cette question : « C’est moi ou c’est mon bébé ?  » Elle m’a répondu : « C’est toi, ne t’inquiètes pas ils vont courir, il y’a urgence mais ça va aller. » Je la connais et je comprends que cela ne va pas.

Effectivement, ils ont couru et crié « code rouge ». Je comprends que c’est grave. Je me suis, en un rien de temps, retrouvée sur cette table si froide. Je ne comprends pas, on ne m’explique pas ce qui se passe. On essaye juste de me rassurer. J’ai la gorge nouée et je ne fais que pleurer. On me demande de respirer calmement mais avec ce masque, je n’y arrive pas. Cela ne va pas assez vite pour eux, on m’injecte ce produit si douloureux dans mon bras et en un rien de temps, je m’endors. C’était si rapide et en même temps si long. Est-ce que ça va aller pour mon bébé ? Est-ce que je vais me réveiller ? Je n’ai pas dit au revoir à mon conjoint. 

On est le 10 octobre, il est 19h58 est Alba est née. Elle a besoin d’assistance respiratoire. 

Transfert et séparation

Quant à moi, le lendemain, miracle : je me réveille. Un réveil violent, je n’ai plus mon bébé dans mon ventre mais surtout, que s’est-il passé ? Je vois enfin mon conjoint, il me montre des photos d’un bébé. Je lui demande : « Qui c’est ? Pourquoi me montrer des photos d’un bébé ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » Les médicaments ne me font pas réaliser à ce moment-là… Personne ne veut m’expliquer ce qui s’est passé. Je me rendors.

Quelques heures passent. Je me réveille et on m’explique des choses que je ne comprends pas. On me dit que mon foie ne va pas bien, que l’on m’a transfusée énormément de sang et que je dois rester sous surveillance en réanimation. La réanimation étant dans un autre hôpital, je vais alors être transférée. Je n’ai toujours pas vu ma fille… Elle était, elle, en réanimation néonatale. Une équipe de jour très bienveillante emmène mon lit jusqu’à sa chambre. Et là, je réalise plus ou moins, je suis maman d’une petite fille. Elle a un énorme masque sur son visage et je ne peux même pas l’apercevoir mais elle est là. Bien que je ne réalise pas encore tout à ce moment-là, j’ai pu voir ma fille cinq minutes avant d’être transférée dans un autre hôpital. 

C’est là que l’enfer de la réanimation commence pour moi. Cela durant trois jours. Trois jours, c’est court, mais cela peut paraître tellement long. Je suis seule dans cette chambre, sans mon bébé et devant me faire à l’idée que je suis devenue maman si brutalement. Quand on commence à diminuer les anti-douleurs, je commence à réaliser peu à peu et l’atterrissage fut très violent. Une obsession de sortir de cette chambre m’envahît, je ne comprends toujours pas ce qui s’est passé mais je veux être auprès de mon bébé. Je me dis que je ne peux pas être faible, que ce que je vis, elle le vit aussi dans ses premiers jours de vie et sans sa maman. Au bout du 3ème jour, tout était revenu à la normale pour moi, mon foie allait mieux. On autorise mon transfert dans le même hôpital que ma fille. Je revis !

L’importance de la prévention et du suivi

On m’explique alors que j’ai fait ce qu’on appelle une pré-éclampsie + HELLP syndrome. Je n’en n’avais jamais entendu parlé. On m’explique que mon foie était en train de lâcher et que mes plaquettes sanguines était au plus bas. On me dit que j’ai bien fait de m’écouter et que si j’étais revenue dans les 48h comme conseillé, je n’aurais pas passé la nuit… C’est violent. J’aurai préféré ne pas le savoir. Je préfère me dire que j’ai eu de la chance, que la situation aurait pu être bien pire. Je repense aux paroles de ma sage-femme qui avait entièrement raison : « Écoutez-vous. »

Pour moi, ma petite guerrière m’a sauvé la vie. C’est grâce à elle que je suis là aujourd’hui. Après tout cela, un long combat : la prématurité. La chance est avec nous. Alba ne restera que trois semaines à l’hôpital. Elle s’est battue et s’est « libérée » des machines très rapidement. Une vrai battante. 

« Pré-éclampsie + HELLP syndrome » résonne dans ma tête. Il faut que je comprenne. Cette maladie n’est pas assez connue, je n’en avais jamais entendu parlée. J’ai fait énormément de recherches, je pensais que c’était ma faute, mon corps qui rejetait mon bébé. Ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas responsables de cette maladie. J’apprends qu’elle peut être héréditaire, qu’il peut y avoir une récidive lors de prochaines grossesses, je lis une énorme liste de symptômes possibles et je ne comprends toujours pas une chose : pourquoi je n’ai eu aucuns symptômes ? 

Il faut être fort et suivi psychologiquement. Le principal c’est que nous sommes là toute les deux et aujourd’hui en parfaite santé. »

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