Aude avait des symptômes qui auraient dû alerter la maternité (fortes migraines, perte de la vue !) malgré une tension stable en consultation et pas de protéinurie. C’est le RCIU qui permettra de mettre en place un suivi plus rapproché et de nouveaux signes de pré-éclampsie qui feront accélérer l’hospitalisation. Elle nous parle aussi du réel choc psychologique avec suivi psychiatrique. Elle a pu ensuite mener deux grossesses quasiment à terme avec un bon suivi et de l’aspirine à faible dose.
« Je suis la maman d’une petite Sarah qui est née grande prématurée à 29SA+5.
J’ai toujours eu un désir très fort d’enfant avec une idéalisation de la grossesse… Je tombe rapidement enceinte. J’ai eu très vite des nausées et vomissements assez marqués au quotidien. J’arrive à travailler jusqu’à 4 mois plein en tant qu’aide-soignante. Pendant la grossesse, j’étais très fatiguée, toujours dû aux vomissements. À ma T2, bébé va bien et est dans les courbes. Je suis rassurée.
Des signes de pré-éclampsie non diagnostiqués
Assez vite après, vers 26SA, j’avais de très fortes migraines qui ne cédaient pas, des flash lumineux jusqu’à ce jour où je ne voyais plus rien d’un seul coup… Nous décidons de consulter à la maternité de proximité. Tension bonne, pas de protéines. Je rentre. Plusieurs fois, en peu de temps, nous sommes allés consulter dans cette maternité car je sentais qu’il se passait quelque chose… À chaque fois, pas de tension élevée (j’avais un tensiomètre à la maison et constatais que ma tension était haute parfois). La maternité finit par me dire que je ne sais pas prendre ma tension et que je ne suis pas bien psychologiquement… Je repars sans plus d’explications chez moi, comme ça, avec aucune solution. Une échographie de contrôle est prévue car la hauteur utérine est basse. À l’échographie, gros retard de croissance : elle est à 5 percentile. Un suivi sage-femme deux fois par semaine est mis en place.
De nouveaux symptômes…
Très rapidement, mon état s’est dégradé. J’ai eu des œdèmes importants et les protéines montaient. La maternité m’a convoquée et m’a hospitalisée. On ne m’a rien dit, rien expliquer. J’ai eu deux piqûres de corticoïdes pour maturer les poumons de bébé. Je ne comprenais rien, on me parlait peu. J’ai revu la dame qui me disait que c’était psychologique… On fuyait ma chambre et mes questions. On me parfait d’un éventuel transfert vers une maternité de type 2 ou 3 mais on attendait une place. Mais moi, je voyais bien que cela ne durerait pas des jours ainsi…
Le vendredi à 16h00, deux ambulanciers viennent dans ma chambre et me disent que l’on part pour le CHU au plus vite. Je ne comprends pas, personne ne m’a prévenue. Ils ont mes papiers, on part… Un trajet assez vite fait, ils ont bien roulé. Arrivée là-bas, une dame m’examine, fait un bilan sanguin complet et me dit : « Vous avez une bombe dans le ventre« . Je ne comprends rien. Je m’installe dans ma chambre. Le personnel passe de temps en temps, je me sens rassurée car je vois que le personnel est présent.
À 22h50, je me mets à saigner de façon importante. Là, je comprends que c’est la fin et, le début de quelque chose. Je sonne vite une dame puis deux puis trois… La gynécologue suit bébé par échographie : on me rassure et me dit que bébé va bien. Je leur dis que je veux prévenir mon chéri car il a de la route pour me rejoindre. Il ne comprend pas trop que c’est urgent. Je n’ai pas voulu l’inquiéter.
Un choc traumatique
Très vite on m’emmène au bloc pour me passer du sulfate de magnésium pour le cerveau de bébé [pour la maman pour éviter les convulsions]. Mon conjoint arrive au bloc. Une fois la perfusion passée (deux heures), ils me disent que ça y est, ils sont prêts à faire naître bébé. L’anesthésiste décide d’une anesthésie générale. Ma petite Sarah naît à 00h03. J’avais demandé à la gynécologue s’il était possible de sortir bébé après minuit, c’était un jour gagné. Elle l’a respecté. Après la naissance de ma fille, j’ai fait une psychose puerpérale, la naissance a été tellement violente psychologiquement que cela a été très difficile pour moi. J’ai même été hospitalisée en psychiatrie. J’ai aussi pu être admise en unité mère-enfant.
Et de belles grossesses d’après
Sarah faisait 1,110kg et a su respirer seule dès la naissance. Elle a eu une assistance respiratoire pour la soulager et éviter qu’elle ne perde trop d’énergie. Elle s’est battue comme une guerrière, son parcours a été simple et linéaire, elle n’a pas eu de souci particulier. Elle sera suivie jusqu’à ses 7 ans. Sarah a 5 ans, vendredi [mars 2022]… Elle est belle comme un cœur et a la joie d’avoir deux merveilleuses petites sœurs pour lesquelles mes grossesses se sont bien passées grâce au traitement par aspirine, un suivi gynécologique, plusieurs échographies ainsi qu’un suivi complémentaire par une sage-femme. J’ai accouché presque à terme (39SA+5 et 39SA+1). Les deux dernières grossesses m’ont « réparée ». Durant des années, j’ai culpabilisé. »